Le Burkina Faso est depuis 2015 la cible d’attaques jihadistes, qui ont déjà frappé sa capitale, sans jamais toutefois atteindre un tel niveau d’organisation avec deux groupes d’hommes armés opérant simultanément dans deux endroits du centre-ville de Ouagadougou et utilisant un véhicule piégé avant de lancer l’assaut à l’état-major.
Les attaques ont commencé vers 10H (locales et GMT) vendredi, et se sont terminées entre 14H et 15H.
“Le mode opératoire des attaques évolue crescendo. Après des cibles molles, comme des hôtels et restaurants, cette attaque a visé des cibles dures, des symboles forts”, a jugé un consultant burkinabè en sécurité, Paul Koalaga, qui évoque aussi “un problème au niveau du renseignement”.
Selon un témoin, les assaillants qui ont attaqué l’ambassade étaient armés de Kalashnikov et “habillés en civil, même pas cagoulés”.
A l’inverse, le commando qui a attaqué l’état-major portait l’uniforme de l’armée de terre bukinabè, selon une source sécuritaire.
“Un commando agissant simultanément sur deux points majeurs de la capitale, une attaque très organisée, très minutée, avec une grande clarté dans les objectifs : cela designe certains des groupes qu’on connaît bien dans la région”, a déclaré une source diplomatique française.
“Pas de précédent”
“Ils ont clairement voulu entrer dans l’ambassade et faire le maximum de victimes. Ils étaient équipés pour faire le maximum de victimes à l’intérieur. Ils avaient sur eux des explosifs, des chargeurs ?”, selon la même source.
La situation, selon la même source, a été “assez rapidement” sous contrôle à l’ambassade mais au prix de la mort d’un gendarme burkinabé, qui a été “tué juste devant l’ambassade.
“Un commando lourdement armé qui essaie de pénétrer dans une ambassade pour y faire un maximum de dégâts, je crois qu’il n’y a pas de précédent. On a déjà eu des précédents dans lesquels des voitures piégées ont explosé devant des ambassades – Tripoli, Nouakchott – mais pas cela”, a ajouté cette source.
– G5 Sahel-
C’est la troisième fois en deux ans que la capitale du Burkina est la cible d’attaques visant des cibles fréquentées par les Occidentaux. 19 personnes avaient été tuées dans un café le 13 août 2017, dans un attentat non revendiqué. Et le 15 janvier 2016, 30 personnes, dont six Canadiens et cinq Européens, avaient été tuées lors d’une attaque revendiquée par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Selon un rapport de l’ONU, la montée en puissance de la force du G5-Sahel va de pair avec des “menaces terroristes croissantes de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (ISGS) et de Ansar al-Islam”, notamment aux confins des Burkina Faso, Mali et Niger.
Cette zone est au coeur de l’action de la force du G5-Sahel. Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à un “effort urgent et concerté” de la communauté internationale pour aider à stabiliser la région, y compris à travers “la pleine opérationnalisation” de la force du G5-Sahel.
Le président français Emmanuel Macron a réaffirmé “la détermination (…) de la France, aux côtés de ses partenaires du G5-Sahel, dans la lutte contre les mouvements terroristes”.
03/03/2018 20:05:35 – Ouagadougou (AFP) – © 2018 AFP
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